1 er février 1954, l’appel de l’Abbé Pierre
« Mes amis, au secours. » Ainsi commence l’appel lancé par l’Abbé Pierre le 1er février 1954.
Par un hiver glacial, sur les ondes de Radio-Luxembourg, un homme pousse à « l’insurrection de la bonté ». Henri Grouvès, reconnu comme l’Abbé Pierre, lance un appel déchirant pour sauver du froid les plus démunis. Le lendemain, les Français se mobilisent. En réponse à ce cri du cœur, leur générosité permet la construction, en région parisienne d’abord, d’hébergements d’urgence.
Plus de 60 ans après, Emmaüs œuvre toujours au bien-être des personnes le plus dans le besoin. En cette période de pandémie, pensons aussi à tous ceux qui souffrent du froid et de la faim. N’oublions pas nos concitoyens sans-abri.
Si aucun enregistrement original n’a été retrouvé, l’Abbé Pierre prononce son appel une nouvelle fois en octobre 1993. Quoi de mieux, finalement, que de relire ses propres mots ?
« Mes amis, au secours.
Une femme vient de mourir gelée, cette nuit, à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de 2 000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu. Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !
Écoutez-moi !
En trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous le tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Saint Geneviève ; l’autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà. Il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait une couverture, paille, soupe, et où on lise sous ce titre « Centre fraternel de dépannage », ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir. Ici, on t’aime. »
La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent. Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France.
Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
Merci ! »